Les premiers cas de maladie de la langue bleue en Suisse sont apparus en août. Depuis, la maladie s’est fortement propagée. Comment procéder en cas de suspicion de maladie de la langue bleue ? Et quelles sont les possibilités de prophylaxie ainsi que de traitement ?
La maladie de la langue bleue est une maladie virale qui touche les ruminants, en particulier les ovins et les bovins. Le virus n’est pas dangereux pour lâ€™Ăªtre humain, ni pour les autres animaux domestiques. Il est transmis par des moucherons piqueurs (cĂ©ratopogonidĂ©s). Il n’y a pas de transmission directe d’un animal Ă l’autre.
Depuis le mois de juillet, les cas de maladie de la langue bleue se sont multipliés en Europe (Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique). En Suisse, les premiers cas ont été détectés en août et la maladie s’est fortement propagée jusqu’en septembre. Alors que le principal sérotype observé en Suisse ces dernières années était le BTV-8, c’est un autre sérotype, le BTV-3, qui domine à l’heure actuelle.
SymptĂ´mes de la maladie de la langue bleue
Une infection peut se dĂ©rouler de manière asymptomatique, mais elle peut aussi causer des symptĂ´mes très graves. Les ovins sont gĂ©nĂ©ralement plus sĂ©vèrement touchĂ©s. Parmi les symptĂ´mes figurent une forte fièvre, une salivation accrue, des Å“dèmes au niveau de la tĂªte, des inflammations des muqueuses de la bouche ou aussi seulement de la bouche, des naseaux et des boiteries. Une teinte bleuĂ¢tre peut apparaĂ®tre au niveau de la bouche, de la langue (d’oĂ¹ le nom) et des trayons, mais elle n’est pas systĂ©matique. Les symptĂ´mes peuvent aussi n’apparaĂ®tre qu’au niveau des onglons (forte boiterie et onglons chauds en raison de l’inflammation du bourrelet coronaire et/ou de l’espace interdigitĂ©).
Traitement et prophylaxie
Marche à suivre en cas de suspicion de maladie de la langue bleue sur l’exploitation
Comme la maladie de la langue bleue fait partie des Ă©pizooties Ă combattre, les animaux suspects doivent Ăªtre immĂ©diatement annoncĂ©s au vĂ©tĂ©rinaire responsable et examinĂ©s. Si le soupçon est confirmĂ©, une interdiction de dĂ©placer des animaux est prononcĂ©e (sĂ©questre), afin que le virus ne puisse pas se dissĂ©miner dans des zones (encore) non touchĂ©es. Des animaux asymptomatiques pouvant aussi Ăªtre porteurs du virus, l’interdiction de dĂ©placer des animaux est valable pour tous les ruminants de l’exploitation.
Traitement des animaux touchés
GĂ©nĂ©ralement, les animaux malades peuvent Ăªtre soignĂ©s. Le traitement peut Ăªtre très long. Le ou la vĂ©tĂ©rinaire va traiter localement les plaies pour soulager l’animal et administrer des analgĂ©siques. Des thĂ©rapies alternatives, comme l’homĂ©opathie, peuvent Ăªtre utilisĂ©es en soutien ou Ă des fins prophylactiques et dans des cas lĂ©gers. Des conseils peuvent Ăªtre obtenus par exemple auprès de l’association Kometian (voir lien ci-après).
Il est important que les animaux continuent de s’alimenter malgrĂ© les inflammations et les douleurs au niveau de la bouche. On peut proposer aux ovins des granulĂ©s trempĂ©s, des cĂ©rĂ©ales Ă©crasĂ©es, roulĂ©es ou floconnĂ©es, ou Ă©ventuellement aussi du feuillage. Le foin devrait Ăªtre souple et ne comporter que peu de tiges dures.
De l’eau fraĂ®che devrait Ăªtre Ă disposition en tout temps. Il ne faut toutefois pas obliger les animaux Ă boire, car l’eau peut se retrouver dans la trachĂ©e Ă cause des Å“dèmes.
Prophylaxie possible
En prĂ©vention, il s’agit de protĂ©ger les animaux des piqĂ»res des moucherons vecteurs. La multiplication des moucherons Ă©tant liĂ©e Ă des surfaces d’eau, toutes les mesures contribuant Ă l’assèchement des flaques et des eaux stagnantes sur l’exploitation permettent de lutter contre le vecteur. Le succès de ces mesures doit toutefois Ăªtre relativisĂ© car les moucherons peuvent se diffuser de manière Ă©tendue par les airs. Ces insectes peuvent donc aussi apparaĂ®tre sur des exploitations ayant appliquĂ© de bonnes mesures de prĂ©vention.
Des produits contre les moucherons piqueurs qui sont appliquĂ©s sur le dos des animaux, rĂ©pulsifs ou « pour-on », peuvent Ăªtre utilisĂ©s comme moyen de protection. Les produits autorisĂ©s pour les exploitations Bourgeon se trouvent dans la liste des intrants du FiBL.
Dans les rĂ©gions oĂ¹ la maladie de la langue bleue est plus frĂ©quente, des mĂ©dicaments remis sur ordonnance vĂ©tĂ©rinaire peuvent aussi Ăªtre utilisĂ©s contre les moucherons. Butox®, Spotinor® et Dentanil ne comportent, pour le lait, aucun dĂ©lai d’attente (pour les bovins) ou que des dĂ©lais courts (pour les ovins : Butox® 2 x 12 heures ; Dentanil : 0 jour; Spotinor® n’est pas homologuĂ© pour les brebis productrices de lait), tandis que pour la viande, des dĂ©lais d’attente doivent Ăªtre respectĂ©s (Butox : bovins : 2 x 18 jours, ovins : 2 x 1 jour; Dentanil et Spotinor : bovins : 2 x 17 jours, ovins : 2 x 35 jours); Sebacil (non autorisĂ© pour les animaux qui produisent du lait) : bovins : 2 x 30 jours, ovins : 2 x 42 jours).
Vaccination
La vaccination contre le BTV-3 en Suisse est possible. Les vaccins autorisĂ©s dans l'UE contre les sĂ©rotypes BTV-8 et BTV-4 peuvent Ăªtre utilisĂ©s.
Pour en savoir plus
Association Kometian (kometian.ch)
Liste des intrants du FiBL (betriebsmittelliste.ch)
Un vaccin contre la maladie de la langue bleue pourra Ăªtre utilisĂ© en Suisse (admin.ch)